Interview : Transition numérique de l’agriculture : qu’apporte une plateforme de gestion des consentements et d’échanges de données ?
L’agriculture est le deuxième secteur le plus avancé en matière de structuration de la donnée, après l’automobile. Portée par les acteurs publics et privés des filières agricoles, la société Agdatahub répond aux nouveaux enjeux data du secteur, autour de la sécurisation et de la transparence des échanges de données. Rencontre avec Sébastien Picardat, Directeur général d’Agdatahub, opérateur d’une plateforme de gestion des consentements et de sécurisation des échanges de données agricoles.
- À quels enjeux du numérique agricole la société Agdatahub répond-il ?
- Qu’en est-il de la maturité data du secteur agricole ?
- Quels sont les bénéfices concrets de l’échange de données pour les agriculteurs européens ?
- Comment Agdatahub orchestre-t-il l’échange de données agricoles ?
- Ce qu’il faut retenir :
À quels enjeux du numérique agricole la société Agdatahub répond-il ?
Sébastien Picardat. Agdatahub est née en 2014 d’un projet des Instituts Techniques Agricoles (ITA) visant à organiser et à orchestrer une plateforme d’exposition des jeux de données en Open Data issus des projets de recherche. En 2017, conscients que ces données pouvaient être de formidables relais de croissance pour les exploitations agricoles, les acteurs du secteur agricole ont souhaité valoriser les actifs du projet de recherche initial par la création d’une société commerciale (API-AGRO). L’un des enjeux fut alors de trouver le modèle économique, les technologies et les compétences qui permettraient d’assurer la pérennité de l’activité. Il a été décidé de repositionner la société comme « opérateur de plateforme de consentements et d’échange de données dédiées au secteur agricole » en 2018. Nous sommes en fin de compte la partie immergée de l’iceberg de la filière data : nous assurons la sécurisation du consentement dans le numérique et celle de la transaction entre les émetteurs et les utilisateurs de la data agricole. Nous ne faisons ni collecte ni traitement de données.
Qu’en est-il de la maturité data du secteur agricole ?
S. P. : L’agriculture est l’un des secteurs les plus concernés par la transformation numérique. C’est aussi le deuxième secteur économique le plus avancé en matière de structuration de la donnée après l’automobile, en France et en Europe. À l’échelle mondiale, on recense 2,5 milliards de données produites par l’agriculture. En France, nous constatons que le flux data ne cesse de croître. Une grande partie des données sont générées par plus de 380 000 exploitations françaises interconnectées avec 85 000 partenaires amont et aval. Chacun de ces partenaires détient une partie de l’information. Le véritable enjeu est de la rendre disponible, accessible et interopérable, avec un niveau de confiance suffisamment élevé pour favoriser massivement les échanges au sein des filières.
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Quels sont les bénéfices concrets de l’échange de données pour les agriculteurs européens ?
S. P. : Dans le cas de l’agriculture, l’intérêt de l’échange de données (données GPS, données météorologiques ou données techniques par exemple) est d’améliorer significativement le revenu agricole. La data permet aux agriculteurs de réduire leurs charges d’exploitation et d’augmenter les rendements, tout en réduisant leur impact environnemental, grâce à un pilotage plus fin, à l’automatisation des machines et à de meilleures pratiques agricoles.
D’un point de vue marketing et commercial, cela participe à la valorisation des productions jusqu’aux consommateurs. On entre dans l’ère d’une alimentation augmentée : la création de labels utilisant la blockchain assure une meilleure traçabilité des produits alimentaires et les valorise grâce aux informations disponibles associées aux produits. Certains acteurs de la filière blé – Baguépi et LU notamment – ont mis en place une charte agricole qui assure une origine contrôlée et une traçabilité des produits auprès des consommateurs.
Comment Agdatahub orchestre-t-il l’échange de données agricoles ?
S. P. : Comme je l’ai dit précédemment, les acteurs du secteur agricole sont très technophiles. Mais ils ne partagent ses données que s’ils en retirent un avantage (économique, sociétal, environnemental) et que s’ils ont confiance. Et c’est là où la gestion du consentement devient importante. En sécurisant le consentement et l’identité numérique des acteurs (émetteurs ou utilisateurs de la data), ainsi que les volets commerciaux, juridiques et techniques des échanges de données, Agdatahub se positionne comme un tiers de confiance. Nous créons les conditions nécessaires au partage et à l’usage de données au sein du secteur agricole, en toute transparence et en toute sécurité.
Pour cela, Agdatahub s’appuie sur des technologies souveraines et interopérables, notamment avec des plateformes d’autres États membres de l’Union européenne. Nous nous entourons de partenaires technologiques reconnus. À titre d’exemple, la technologie développée par Dawex, spécialiste français du Data Exchange et de la monétisation des données, permet de nouer des partenariats au sein de l’écosystème agricole, d’enrichir les connaissances propres au marché et de générer de nouveaux revenus.
Ce qu’il faut retenir :
La data agricole est un formidable levier de croissance pour les exploitations agricoles. Cependant, elle apparaît décentralisée. Chaque acteur du secteur détient une partie de l’information, ce qui pousse les filières à favoriser les échanges de données. Cette mutualisation de la data ne se fera que si les émetteurs et les utilisateurs de données agricoles se sentent en confiance. C’est notamment sur cet enjeu que se positionne Agdatahub, en tant qu’opérateur de confiance de gestion des consentements, de l’identité numérique des différentes parties contractantes, et de la sécurisation des échanges des données.
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